Réparation et test d'un casque d'écoute militaire très mystérieux !

Durant une visite bien sympatique au musée 39-45 à Léhon (22), dans un des bacs fourre-tout de la boutique de souvenirs, nous avions remarqué un casque audio militaire en vente, assez spartiate et dans un piteux état, avec son câble sectionné. En tant que passionnés, impossible pour nous de repartir les mains vides !

Après l'avoir conservé durant plusieurs années comme une relique, nous nous sommes décidés, il y a peu, à tenter l'aventure d'une potentielle remise en service, ceci pour pouvoir enfin se donner une idée de la sonorité qu'il pouvait produire...

Le site : musee39-45 À LÉHON

La complication majeure, pour tout ce qui touche au domaine militaire, est d'obtenir des informations. Ici, très peu d'inscriptions sont visible sur le casque. Si nous pouvions au moins savoir sur quel type de source ce casque était branché et quelle était plus précisément sa fonction, nous pourrions peut-être avoir quelques pistes. De même, nous ne savons pas s'il s'agit d'un casque audio datant réellement de 39-45, ou d'un stock de matériel militaire hors-service un peu plus récent et mis en vente par le musée...

Pris en main, c'est un casque (presque) dénué de confort quasi indestructible, et qui pèse ! Avec 670 grammes hors câble, tout en métal et en caoutchouc à l'ancienne, il s'agit là d'un très beau bébé. Une fois porté, impossible de l'oublier. L'arceau, bien courbé, est simplement recouvert d'une gomme épaisse.

Pour unique réglage, chaque écouteur coulisse à la verticale ce qui ajuste la taille du casque. Le câble d'origine sectionné (avec tige de blocage en aluminium) est digne d'un câble d'alimentation. Quant au diviseur en Y servant à relier chaque écouteur, il pourrait également être recyclé en prise d'alimentation à deux pôles sans aucun problème.

Autrement, la forme générale de ce casque nous rappelle un mélange entre un Monster Ntune et un Nuraphone. En effet, chaque haut-parleur déborde vers l'extérieur. Et à l'intérieur de ceux-ci, nous avons des embouts de type intra auriculaire. Mention spéciale pour la gomme périphérique qui reprends la forme d'une oreille humaine, ceci devant nous apporter une isolation phonique parfaite.

Mettons les choses au clair de suite : Actuellement, cette dernière est quasi nulle. Mais peut-être était-elle efficace à l'origine. Car de l'espace subsiste en permanence tout autour des oreilles. Jamais nous n'avons réussi à enfoncer les embouts dans le conduit auditif (comme nous le faisons avec des intras auriculaires classiques), même en plaquant les écouteurs.

Dans la pratique, l'intérieur des écouteurs étant une plaque en métal assez plate, cela ne permet pas aux embouts de s'insérrer correctement dans le conduit auditif. Devenants alors trop courts, l'isolation phonique n'atteint même pas celle des plus mauvais casques audio que nous avons pu tester. Nous nous demandons encore comment les militaires de cette époque pouvaient utiliser ce genre de casque...

Pour pouvoir se donner une idée approchante de la sonorité de notre curieuse relique, nous allons donc devoir la réparer. En effet, son câble audio étant sectionné sur chaque écouteur (et dans un état de conservation qui ne permet pas son réemploi), nous avons préféré le changer intégralement, tout en conservant un maximum d'éléments.

Nous avons donc opté pour un câble audio plus classique et contemporain avec une épaisseur et résistance presque aussi importante que celle du câble d'origine, celui d'un casque Philips SHP2000. Notez que la résistance du câble d'origine est d'environ 0.7 ohms.

Malgré tout, il ne faut pas oublier qu'une fois ce casque réparé, la sonorité qu'il produira ne sera certainement pas celle d'origine. D'autant plus que nous ne disposons pas de la source qui permettait de l'utiliser : Nous devrons donc nous contenter de notre vaillant FiiO M11 Pro, qui devra à lui seul (et nous lui faisons confiance) mouvoir les 176 ohms au total de ce casque !

Un démontage d'une simplicité extrême


Trois vis à dévisser et voici l'écouteur et ses joints totalement accessibles et séparés. Pas de soudure en direct sur l'écouteur comme sur des casques traditionnels, les câbles gauche et droits sont soudés sur une plaque circulaire, à priori similaire à celle utilisée pour les anciennes plaques électroniques. Ensuite, le contact se fait à l'aide de deux tiges métalliques qui viennent toucher les deux pôles de l'écouteur. Ci-dessous, voici tous les éléments démontés, chacun pouvant être facilement remplacé.

Cela permet également de voir que chaque haut-parleur se trouve dans une chambre qui devait être bien plus étanche phoniquement. Contrairement aux câbles actuels à 3 points (gauche, droite et masse), il semble que nous ayons ici uniquement un son en mono, dépourvu de gauche et de droite, avec une masse. En fait, si nous avons bien deux écouteurs,cela simule en réalité un son stéréo et permet simplement une écoute plus confortable et précise.

Pour intégrer le nouveau câble dans le diviseur en Y, il nous suffi d'enlever la tige rouge blocante et de déboiter l'ensemble, (entièrement en gomme) pour y passer les câbles gauche et droite. Pour intégrer la fiche jack Philips, nous avons démonté la fiche d'origine, retiré les deux connecteurs en laiton puis percé un trou de même diamètre que la fiche jack Philips. Nous aurions pu faire mieux, mais cela nous aurait demandé bien plus de temps que nous en avions.

Une sonorité caverneuse, et plus encore...


Une fois le casque branché sur notre lecteur FiiO, la première sonorité qui en est ressortie a été caverneuse et dénuée de basses, avec une absence flagrante de brillance. Une fois les écouteurs un peu mieux ajustés, les basses ont largement repris le dessus, tout en cognant assez fort, mais sans grande précision. Précision qui par ailleurs est inexistante.

Mais que cherchaient-ils à écouter avec ce casque ? Des fréquences basses vraisemblablement. Car une fois les écouteurs mieux positionnés, c'est ce qui ressort le mieux dans l'ensemble du spectre sonore reproduit. Et notre prise de mesure le montre (le graphique rouge), avec toutefois une pointe extrêmement haute et surprenante entre 1kHz et 1.5kHz.

Bien évidemment, nous avons pensé à démonter le haut-parleur afin de lui retirer sa facade métalique. Avec seulement deux trous qui laissent passer un mince flux d'air, on peut comprendre pourquoi le son sonne aussi mal et confiné. Débarrassé de sa protection, nous découvrons un haut-parleur à membrane cuivrée très spécial nous faisant penser à la technologie piezzo-électrique.

Immédiatement, le rendu sonore s'est trouvé un peu plus équilibré et net, largement moins caverneux. Ceci dit, les basses fréquences restent encore très appuyées et l'on ne peut pas dire que la précision s'est améliorée. Mais on pourrait, moyennant pas mal d'heures de travail, envisager quelques optimisations afin d'obtenir des haut-parleurs originaux dans leur restitution. Notez également qu'au vu de sa haute impédance, ce casque ne sera jamais utilisable sur un smartphone car il nécessiterait trop de puissance.

Annexe :
  • Chaque haut-parleur mesuré en direct possède une résistance de 84.4 ohms
  • L'épaisseur du câble audio d'origine est de 6,1mm. Le poids du câble est de 100 grammes
  • Le diamètre d'un haut-parleur est de 45.7mm et son épaisseur est de 17.6mm. Pour accéder à la membrane cuivrée, il faut tordre le tour de la capsule en métal
  • Les références lisibles inscrites sur le haut-parleur sont SEA 1613

Des performances encore mystérieuses...


Nous n'attendions pas grand chose de ce casque militaire. Et pour être tout à fait francs, nous ne pensions même pas qu'il puisse refonctionner sur nos appareils actuels, après changement du câble audio. Malheureusement pour nous, il s'avère caverneux, déséquilibré, et difficile à piloter. Inconfortable également, nous n'avons pas réussi à lui définir un contexte d'utilisation adapté. Eventuellement, sa structure pourrait être utilisée pour servir de base à la réalisation d'un casque original et "fait maison". Mais c'est bien sa lourdeur excessive qui pourrait être un véritable frein à tout type de projet. En dernier lieu, il pourra toujours ravir les curieux dans une collection !

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