OneOdio A9 : Agréable à l'œil et à l'usage, mais qui cache son grand âge

A l'aide de fonctions qui épousent certains standards du marché et un design quelque peu inspiré par plusieurs modèles Sony, l'A9 de OneOdio, malgré sa couleur très sobre, aura peut-être fait tourner pas mal de têtes. D'autant plus que son tarif moyen, souvent en promotion, se positionne sous la barre psychologique des 100 euros, ce qui le rends de facto bien plus accessible que les modèles de la marque japonaise historique.

Mais qu'on ne s'y trompe pas : Si les produits semblent visuellement proches, ils sont en fait très différents, même si l'un tente de singer tous les autres...


Fiche produit : OneOdio A9
Prix de lancement : 140€

C'est évident, l'A9 est visuellement très attirant. Même s'il propose, dans les grandes lignes, certaines fonctions similaires à celles des modèles Sony comme le WH-1000XM4, WH-XB900N ou WH-H910N, ces produits n'ont ni les mêmes performances, ni la même réalisation, et ne parlons même pas du prix. L'A9 reste donc bien en dessous et seul le WH-CH710 semble pouvoir s'y mesurer.

Ceci dit, l'A9 possède toujours certaines caractéristiques de ses concurrents directs, ce qui ne trompera personne sur ses origines asiatiques : Une boite cartonnée peu résistante et totalement anglophone, des accessoires génériques, et enfin une documentation à la traduction limitée (anglais, japonais et allemand), ce qui fâchera les francophones et les hispaniques, entre autres...

Malgré une surface mate agréable à l'œil et au toucher, le plastique utilisé sonne creux et ne semble pas spécialement qualitatif. Pour contrebalancer ce fait, la finition et l'assemblage sont précis, sans atteindre la qualité des marques 'main stream'. Mais au fil de notre utilisation et très rapidement, nous avons remarqué l'apparition de traces d'usure et de rayures, ce qui n'augure rien de bon sur la durée et dans le cas d'un usage intensif.

Au déballage pourtant, la sensation que procure l'A9, en terme de poids et d'assemblage, est franchement bonne : Il n'est ni trop léger, ni trop lourd. Manipulé, il ne craque pas. A l'inverse, le dépli et le repli sont assez durs, ce qui nous pousse à forcer l'un ou l'autre. Cela provoque des clics très importants qui ne rassurent pas. Mais nos inquiétudes sont rapidement balayées à la vue de charnières métalliques bien plus résistantes aux manipulations.

Une fois le casque porté, le confort s'avère excellent. Il est grand et profond ce qui porte à croire que toutes les morphologies devraient y trouver leur compte. On regrette cependant que les cliquetis de graduation soient si peu réguliers. Cela n'empêche en rien le réglage du casque, mais la sensation de précision et de produit un peu plus 'haut de gamme' est amoindrie.

Comme bien des casques au tarif similaire, une pochette rigide de transport est fournie. Pratique et de bonne taille, elle permettra d'y loger en plus un lecteur audio. Même notre grand M11 Pro peut y tenir, au risque cependant de faire des rayures à l'intérieur de l'arceau...

En terme d'accessoires, un câble jack assez fin et un adaptateur avion sont fournis. Comme souvent, nous regrettons que l'ensemble soit générique. De plus, le câble jack ne bénéficie d'aucun plaquage or, à l'inverse de l'adaptateur avion, dont on se demande encore l'utilité aujourd'hui, et même en 2019...

Des fonctions appréciables, mais à l'aide d'une électronique en fin de vie...


Mis en avant comme l'un des fers de lance du fabricant, nous pensions l’A9 un peu plus ambitieux et moderne. Car même s'il propose des fonctions avancées telles que l'annulation de bruit ambiant ou une autonomie conséquente (comprise entre 26 et 30 heures), cela n'a plus grand chose de nouveau aujourd'hui, considérant la gamme tarifaire où l'A9 se place. Et même technologiquement, il déçoit un peu.

Car pour offrir ces fonctions, il fait appel à deux puces indépendantes, ce qui est loin d’être une mauvaise chose. La première est une puce Bluetooth de milieu de gamme, en version 4.1, qui commence à prendre du bon poil de barbe, à savoir la Qualcomm CSR8635. La seconde est une puce de réduction de bruit ambiant de l'autrichien AMS, l'AS3415, avec un pied déjà dans la tombe puisqu’elle est déjà notée obsolète sur la page de l'équipementier...

Avec cette électronique datée, l'A9 conserve une connectique micro USB classique, contrairement à la concurrence qui, depuis longtemps déjà, est passée à l'USB-C. Ajoutez également des haut-parleurs de taille moyenne qui ne semblent contenir aucune technologie particulière et l'absence de certification Hi-res (contrairement à d'autres produits OneOdio), l'engouement pour l'A9 en prends un sacré coup. Mais il y a une explication à cela que nous n'avions pas vu venir, tellement la fiche produit depuis le site OneOdio survend l'A9...

En effet, lorsque nous avons sollicité le fabricant pour obtenir cet échantillon de test, nous nous sommes basés sur cette fiche. Quelle n'a pas été notre surprise d'apprendre, en consultant cette-fois-ci Amazon et ses tarifs, que ce dernier est sorti en... 2019 ! Et à un prix défiant toute concurrence, aux alentours des 50 euros. Et si nous ne pouvons pas nous prononcer sur la durée de vie de la puce AS3415, nous savons que la CSR8635 est clairement d'un ancien temps, même si elle reste encore utilisée sur beaucoup de produits.

Une sonorité entrainante qui fait toujours le job


Malgré son relatif grand âge et l'absence d'innovation majeure, l'A9 propose tout de même un son agréable, complet et entrainant, avec de belles basses et sans aucune sensation de manque. Mais il ne provoque pas d'émotion forte et c'est bien là tout le problème.

Pour un casque dans une gamme haute issu d'un fabricant d'équipements audio pour professionnels, nous pensions que l'A9 serait un peu plus expressif dans les détails. Il se montre finalement bien plus timide sur ce point, et même sur le volume lorsqu'il est utilisé sans fil, via Bluetooth. Ce qui reste totalement à l'inverse du rendu de l'espace, mieux reproduit pour un casque fermé.

Bonne surprise, l'ANC actif se montre bien au dessus des solutions intégrées aux puces Bluetooth. On regrette quand même la présence encore systématique d'un bruit de fond persistant et inhérent aux dispositifs à annulation de bruit. Face à la performance d'un Bose QC25 déjà vieux, l'A9 s'en approche mais reste encore légèrement inférieur. Et comme ce dernier, il ajoute de l'énergie au casque, sans étouffer la sonorité globale.

Dernier point, nous avons trouvé les boutons de commande très classiques et un peu trop simples d'aspect pour cette gamme de casque. D'un autre coté, ils sont facilement identifiables et largement utilisables à l'aveugle. Enfin, coté portée de réception, les 10 mètres sont bien présents et le casque s'est montré relativement stable et sans coupures, tant que l'espace était un minimum dégagé.

Des curiosités de paramétrage et autres déconvenues...


Tout d'abord, le comportement de la puce CSR se montre bien différent de tout ce que nous avions testé par le passé. Par rapport à l'appairage, il n'est jamais déclenché automatiquement. Quel que soit le délais, au démarrage ou en l'absence d'association ou d'appareil connu, il doit toujours être à l'initiative de l'utilisateur. De plus, les clignotements LED sont trompeurs : Lent et progressif si connecté, deux clignotements rapides si non associé. Les vocalises anglaises nous indiquent si le casque est connecté ou déconnecté, mais il faut être anglophone un minimum.

Ensuite, la fiche jack étant fine et sans aspérités, elle est extrêmement dure à brancher et bien plus encore à débrancher, ce qui risque de poser problème dans le temps et altérer la connectique. Nous avons d’ores et déjà relevé une déformation de la surface de la fiche (voir la partie entourée) qui se trouve insérée dans le casque.

Concernant les appels, c’est perfectible et il n’y a rien d'extraordinaire. A plusieurs reprises, nous avons dû élever notre voix bien plus que d'habitude, ceci pour être correctement entendus et compris. Grâce à plusieurs micros et à des techniques avancées de réduction de souffle, tous les fabricants promettent des appels clairs et limpides. Mais la réalité est souvent décevante...

Pour terminer, parlons de façon large de l'autonomie, qui pourrait se réduire assez rapidement. Le bouton ANC étant mécanique, il reste enclenché quel que soit l'état du casque. De fait, si vous l'oubliez, il épuise rapidement la batterie. Pour finir, le casque s'éteint s'il est inutilisé durant 5 minutes, ce qui est assez long et affecte encore un peu plus l’autonomie de la batterie...

Les mesures


Une fois encore, utiliser le Bluetooth équilibre mieux l'A9, fait comparable chez la majorité des casques sans fil. Par contre, le niveau de volume sonore est bien moins important, ce qui peut poser problème sur des équipements peu puissants (à noter que le graphique ci-dessous a été ajusté afin que les différences sonores Bluetooth et filaire puissent être constatées, mais pas la différence de volume).

Une fois l'ANC actif, la sonorité s'équilibre en théorie un peu plus. Mais coté basses, cela pêche : Excessivement appuyées entre 5 et 30 Hz, l'A9 encaisse cet impact bas très important, sans faire brouillon. Cette énergie pourrait plaire car elle n'étouffe pas la sonorité globale de l'A9.

Le protocole Bluetooth capturé révèle que l'A9 supporte toutes les fonctionnalités du codec SBC. Le bitpool, compris entre 2 et 53, maximise le bitrate et donc la qualité du son. Mais surprise, l'A9 ne propose pas de codec Bluetooth AAC, utilisé exclusivement sur appareils Apple. Bien plus qualitatif que le SBC, les utilisateurs à la pomme pourront être un peu déçus. Une fois encore, nous constatons que OneOdio paramètre assez curieusement ses puces Bluetooth : Elle castre ou modifie certaines fonctionnalités, sans que nous puissions en déduire une logique...

Annexe :
  • Poids du casque hors câble et pesé par nos soins : 262 g
  • La recharge, quoi qu'en dise OneOdio, se montre lente pour cette capacité de batterie : Seuls 200 mAh sont requis, ce qui porte le temps de recharge à près de 2h30. Certes, il s'agit là de la capacité maximale que la puce accepte. Mais une optimisation externe permettait de passer à 500mAh, ce qui aurait raccourci drastiquement le temps de recharge !
  • Concernant la batterie, seuls 475mah ont été rechargés, soit 5'%' de perte par rapport aux 500 mAh attendus. Ce n'est pas beaucoup, certes, mais c'est tout de même moins qu'annoncé.

Un modèle très sympathique, mais en fin de vie

A sa sortie courant 2019, grâce à son design avenant et de bonnes performances malgré des composants datés, l'A9 restait encore dans la course. Mais aujourd'hui, à l'heure de l'USB C, du Bluetooth 5.1 et de fonctionnalités mobiles dédiées, il accuse très rapidement son âge... Alors qu'il propose toujours une expérience d'utilisation simple, honnête et agréable ! Technologiquement dépassé, il n'en reste pas moins encore disponible sur le site du fabricant (et même ailleurs, pour un prix souvent divisé par deux), mais jusqu'à quand ?

Confronté à une concurrence féroce et impitoyable, il lui sera difficile de tenir encore longtemps. Sans tomber dans plus de complexité, nous espérons surtout que OneOdio lui trouvera un digne successeur bien plus bien plus ambitieux et au moins tout aussi performant. Et qu'il sera surtout un peu plus original visuellement. L'A30 aurait pu être ce dernier mais il intègre une puce Bluetooth QC3003 tout-en-un : La performance en réduction de bruit ambiant risque de se montrer moins efficace qu'avec une puce indépendante, comme c'est le cas ici pour l'A9...

Spécifications officielles :
  • Référence : A9
  • Type de casque : fermé
  • Transducteurs : 40 mm
  • Réponse en fréquence: 20 Hz - 20 kHz
  • Sensibilité: 105 dB à 1 kHz, ± 3 dB
  • Impédance : 32Ω
  • SNR :80dB mW
  • Bluetooth : Puce CSR8635, V4.1, classe 2, 10 m de portée
  • Puce ANC :AMS3415, 28-33dB de réduction de bruit
  • Profils :headset, handsfree, A2DP, AVRCP
  • Codecs audio :SBC,AAC
  • Autonomie : 15h avec ANC+BT, 26h avec ANC, 30h BT, temps de charge inf. à 3h
  • Batterie : 500 mAh

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