[RETRO TEST] Casque Yamaha HP-50 : Si vintage et tellement d'actualité

Plus que centenaire (création en 1887), Yamaha est une de ces multinationales japonaise touche à tout. Difficile de savoir à quel moment furent crées ses premiers casques audio, mais celui testé ici n'a plus rien à voir avec les modèles actuellement vendus, toujours très musicaux certes, mais beaucoup plus simples, à technologie dynamique classique.

Fin des années 70 et début 80, cet équipementier proposait alors une alternative sonore et budgétaire vraiment très sérieuse face aux casques sédentaires électrostatiques, les casques audio orthodynamiques...

Prix d'époque estimé : 60$

En 1976, après sa période de casques dynamiques, Yamaha, en collaboration avec le célèbre designer industriel Mario Bellini, élabore son tout premier casque orthodynamique, le HP-1. Si la technologie existait bel et bien avant l'apparition de ce dernier, Yamaha, par soucis de mise en oeuvre et de performance, l'a faite évoluer pour ses propres casques en adoptant une membrane plus fine et quelques ajustements techniques supplémentaires.


Le principe, pour rester dans la simplicité, consiste à faire vibrer une membrane sur laquelle est imprimée une bobine acoustique. Celle-ci est prise en sandwich entre de minces aimants perforés qui laissent passer les mouvements d'air et donc du son. Par sa transmission en direct, cette technologie, à l'époque et encore maintenant, se montrait abordable, précise et très performante, ce qui la mettait en rivalité avec l'électrostatique, toujours supérieure mais ô combien plus chère et encombrante.


Ressemblant fortement au précédent HP-3 qui lui était câblé en stéréo 6.35 mm, le HP-50 (uniquement en mono) est sorti en 1978. Fabriqué au Japon, il a été décliné en trois versions : la A, la S et enfin la classique testée ici. S'ils partagent donc la même structure, il y a quelques différences.


Visuellement parlant, la S et la A sont quasi identiques. Leur bandeau est recouvert de simili cuir et seul le câble (spiralé et très épais pour la A) permet de les différencier. Ces deux casques sont d'ailleurs câblés en unilatéral. Ceci dit techniquement, la version S était la plus facile à piloter grâce à son impédance réduite de moitié, pas moins de 150 ohms tout de même, et une entrée maximale de 1 watts, contre 300 ohm et 2 watts pour la version A et classique !


Contrairement aux versions A et S, la classique était en revanche la plus légère et câblée en bilatéral. Le câble était donc relié en direct aux deux écouteurs, ce qui ne l'a pas empêché de rester en connectique 6.35 mm mono. Comme pour la version S, son câble est noir, épais et d'aspect mat au toucher.


De base, ces casques HP-50 n'étaient pas du tout destinés à un usage sédentaire HiFi contrairement aux versions HP-1, 2 et 3. En fait, ils accompagnaient les orgues Electone de Yamaha, en tant qu'équipement de monitoring, ce qui peut expliquer le choix du câblage. Mais au vu de leurs caractéristiques techniques, plusieurs utilisateurs du forum head-fi se sont donc amusés à les recâbler en stéréo, pour un usage bien plus nomade. Vu l'engouement suscité, nous avions donc souhaité nous faire notre propre idée.



Passer du monitoring à la HiFi


Compliqué à trouver en France, le casque HP-50 testé ici nous vient directement des Etats-Unis. Avant toute modification, nous avons d’abord pris une mesure de sa réponse en fréquence. On constate, sans aucune modification, une belle linéarité entre 30 et 1000 kHz, avec peu d'accidents au delà sur les hautes fréquences et un très bon maintient de la courbe.


Quoi qu'il en soit, avec un son en mono, ce HP-50 n'est pas franchement utilisable en l'état. Tout en préservant un maximum d’éléments d'origine pour limiter sa dénaturation esthétique et sonore, nous souhaitions le débarrasser de sa fiche mono limitante (presque indestructible et dotée d'une excellente préhension) par une fiche trrs de 2.5 mm qui sera câblée en symétrique. Voici pourquoi nous n'avons pas équipé le HP-50, pour le moment, d'entrées femelles jack ou mmcx sur chaque écouteur (nous le ferons uniquement lorsque le câble d'origine aura rendu l'âme).


En toute logique, après avoir effectués cette modification, cela devrait nous permettre plusieurs choses, à savoir obtenir les performances brutes du casque en sortie symétrique (2.5 et 4.4 mm via adaptateur) et pouvoir s'en servir sur tout type d'appareil en stéréo standard, grâce à un adaptateur jack 3.5 mm ou 6.35 mm : L'esprit sonore et visuel du casque est donc conservé, et c'est ce que nous souhaitions.



Le fonctionnel est à l'honneur


Mais revenons un instant sur le design de ce Yamaha HP-50. C'est un casque audio très simple et minimaliste qui n'utilise aucune matière noble. Nous sommes donc ici sur un plastique résistant beige et très léger qui a malheureusement subi les assauts du temps : Certaines surfaces trop exposées à la lumière sont bien jaunies et la finition n'a rien de haut de gamme, trahie par la présence d'arrêtes un peut trop brutes et saillantes.


Mais le plastique présente l'avantage de sa légèreté et de sa grande souplesse. Car l'arceau, d'une largeur et courbure idéale (avec le logo Yamaha orthodynamique bien visible et moulé) ne nécessite aucun rembourrage supplémentaire pour rester confortable.


Rustique et sans graduations, se basant sur un système de friction, le réglage de profondeur reste approximatif, même s'il fonctionne très bien dans la pratique. Notons également un petit détail à l'intérieur d'une des branches où une série de chiffres sont inscrits, peut-être le numéro de série du casque.


Autrement, les écouteurs du HP-50 ne sont pas très grands (65 mm de diamètre), même s'ils abritent des transducteurs d'un diamètre de 45 mm environ. Ils reposent sur pivot, ce qui les rends mobiles et adaptables à la majorité des morphologies de tête.


Dessus encollés, nous avons des coussinets en simili cuir noir. Vu leur surface relativement fine et l'âge du casque, nous avons été un peu surpris par leur bon état de conservation. Mais s'agissant d'un casque mono, son utilisation a certainement été très limitée ce qui peut expliquer en partie cet état.


Les coussinets reposent entièrement sur l'oreille, nous serions donc en théorie sur un casque fermé. Et curieusement, l'isolation phonique est si faible que l'on estime son niveau entre l'ouvert et le semi ouvert. Pourtant en musique, cela ne pose pas trop de problème. Mais pour votre entourage, s'ils sont proches, ils pourraient être gênés car il y a tout de même des fuites audibles, même si elles restent moins importantes qu'avec un casque ouvert.


Nous pourrions imaginer remplacer les coussinets par des compatibles Sennheiser PX100 - 200 ou Plantronics W740. Méfions-nous tout de même par ce genre de changement : Des coussinets inadaptés peuvent modifier drastiquement le son, dans le bon comme dans le mauvais sens.


Ceci dit, le confort reste suffisant pour de longues sessions d'écoute, grâce à la surface des coussinets bien sûr mais aussi un arceau qui s'adapte à la courbure de votre tête. Ainsi ajusté, il ne serre jamais de façon excessive.



Mise en oeuvre de la modification


Avant de passer au remplacement de la fiche jack d'origine, nous souhaitions d'abord nous assurer de la bonne santé du casque. Car bien souvent, ces anciens modèles utilisent une mousse spécifique pour limiter les vibrations.



Les écouteurs étant assez réduits, elle se retrouve comprimée derrière le transducteur. Par le passé, nous avions déjà secouru deux casques du même type (Yamaha HP-3 et Grundig GDHS-223) et avions constaté que la mousse pouvait durcir ou se désagréger directement dans les nombreux orifices des aimants, la conséquence étant une perturbation du mouvement de la membrane.


Pour accéder aux transducteurs, il faut d'abord décoller les coussinets. Vu leur âge, l'opération est très délicate et il faut s'y prendre avec soin car ils pourraient être fortement abîmés à cause d'une colle de type néoprène. Ceci fait, ils dévoilent 4 clips permettant de d'ouvrir les écouteurs.


Mais une fois démontés et le transducteur mis de coté, on remarque la présence d'un filtre de poussière et d'un filtre audio blanc, les deux dans un état impeccable.


Moins bien conservée, la mousse est tout de même dans un très bon état esthétique et fonctionnel ! Elle n'a pas durci et ne se désagrège pas. Cette option est préférable car la remplacer pourrait altérer sérieusement le son d'origine puisque l'on ne pourrait pas la retrouver d'époque identique et neuve. Concernant la remise en place des coussinets, il est possible d'utiliser tout simplement du ruban transparent double face extra fin, moins agressif que la colle néoprène.


Une fois la vérification interne effectuée, nous avons d'abord choisi un sens d'écoute (hé oui, en tant que casque mono, le sens d'écoute n'est pas identifié), puis sommes partis sur le remplacement de la fiche jack mono 6.35 mm. Pour ce faire, nous avons d'abord sectionné le câble au ras de celle-ci et dénudé les fils. Puis nous avons effectué la soudure de ces derniers sur la nouvelle fiche. L'opération s'est révélée un peu compliquée à cause de la taille très réduite des points de soudure et des fils du câble, fins et assez mous.



Une seconde jeunesse...


Pour un casque de plus de quarante ans, nous nous attendions à un son moins riche, peut-être un peu plus sombre et orienté Hifi vintage, celui-là même avec un léger voile et des basses un peu plus diffuses. Mais la sonorité du HP-50 modifié s'est avérée très surprenante et d'une définition exemplaire, vraiment audiophile, adaptée à tous les styles musicaux. Ci-dessous un graphique avec prise de mesure d'origine et celui après modification : Si nous avons légèrement perdu en basses fréquences, nous avons pas mal gagné dans les plus hautes !


En pratique, cela reste très bien équilibré sur toute la gamme, avec des micro détails en très grand nombre, des basses extrêmement bien tenues, des vocalises proches et des hautes fréquences jamais agressives. Nous avons un bel étagement, chaque son est audible, aucune superposition rendant les sonorités confuses. Comparé au HP-3 que nous avions déjà eu entre les mains il y a quelques années, le HP-50 offre cette clarté et cette brillance qu'il lui manquait tant. Cela peut se voir immédiatement sur la courbe ci-dessous. A l'inverse, le HP-50 ne se projette pas aussi loin dans les basses fréquences mais cela n'a vraiment rien de gênant car leur impact est fort et propre.


Ajoutez également une largeur d'espace supplémentaire qu'offre l'écoute par sortie audio symétrique, le lecteur FiiO M11 pro et le HP-50 mis à jour nous ont procurés de très bons moments d'écoute. Ci-dessous, la mesure d'une petite optimisation acoustique, la suppression du filtre blanc, qui offre un peu plus de basses-médium (entre 10 et 400 Hz) et ultra hautes fréquences (sup. à 8 kHz).


Mais à cause d'une impédance de près de 300 ohms, le casque HP-50 nécessite une puissante amplification que seuls les meilleurs lecteurs audiophiles et autres amplificateurs à casques dédiés peuvent offrir. Même notre vaillant M11 pro doit se maintenir entre 95/100 de volume (sur 120) pour obtenir une puissance d'écoute correcte, avec un gain réglé en position HIGH. Mais n'allons pas lui faire ce reproche, le HP-50 n'a pas été conçu pour être utilisé en casque HiFi ou nomade, comme nous le faisons actuellement.


Annexe :
  • Sur le modèle reçu, les transducteurs n'ont pas exactement la même impédance, respectivement 145 et 153 ohms mesurés après recâblage.
  • Plus d'informations sur le principe orthodynamique, ici sur le site Yamaha.
  • Voici quelques forums traitant des casques orthodynamiques, ici et encore .
  • Une fois le casque modifié, nous arrivons à 200 g de poids pour notre HP-50.
  • Voici le lien de la fiche que nous avons utilisé, ici.




Modifié certes, mais une belle claque vintage quand même !


Depuis quelques années maintenant, Yamaha s'est finalement recentré vers des casques dynamiques plus simples, souvent limités à un usage professionnel. S'ils semblent encore appréciés, nous regrettons que l'équipementier centenaire si expérimenté reste aussi sage, là où tant d'autres (avec un palmarès souvent moins important) nous présentent des modèles osés, aux allures de prototypes et qui marquent les esprits. Pour consolation, il nous reste alors le marché de l'occasion et leur casques orthodynamiques.


Par le passé, nous avions déjà pu tester le modèle HP-3, notre tout premier casque orthodynamique, et nous en étions très satisfaits, même s'il manquait tout de même d'un peu de brillance. Reprenant sa structure spartiate (mais tellement fonctionnelle et résistante), le HP-50 se situe à un niveau d'écoute bien supérieur. Immédiatement, il s'est montré largement plus convaincant, à tel point qu'il est très difficile de croire que nous sommes en présence d'un casque rétro, au vu de la sonorité audiophile qu'il reproduit et adaptée à tout style musical, quel qu'il soit. Alors pour ceux qui souhaiteraient profiter de ces casques vintages assez exceptionnels, il ne faudra pas tarder : Extrêmement difficiles à dénicher sur le sol français, la série orthodynamique de Yamaha tends à se raréfier et les prix ne cessent de grimper...


Spécifications officielles :
  • Référence : HP-50
  • Type de casque : filaire
  • Transducteurs : orthodynamiques
  • Réponse en fréquence: 20 Hz - 20 kHz
  • Sensibilité: 93 dB mW, ch
  • Impédance : 300Ω
  • Puissance d’entrée max. :2W
  • Poids : 210 g

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