Blitzwolf BW-HP3 : Prix plancher et graphène font-ils bon ménage ?

Comme la plupart des marques asiatiques touche-à-tout (Aukey, Anker, etc.), BlitzWolf a eu le museau fin. Dès 2015, elle s'engouffre dans le secteur de la recharge pour smartphones. Cette stratégie commerciale à gros volume lui a permis de se faire un nom, au travers de produits souvent cités pour leur haute résistance et à bon rapport qualité prix.

Pour maintenir son rythme de croissance, la marque s'est également lancée sur le marché de l'audio nomade, encore porteur malgré une concurrence impitoyable. L'HP3 n'est pas le premier casque audio de Blitzwolf mais ses caractéristiques nous ont immédiatement intéressé...

Fiche produit : HP3
Prix de lancement/actuel : 30€

Des photos et spécifications originales associées à un prix d'une extrême attractivité ont fini par nous pousser à l'achat ! Il n'y a pas si longtemps, nous avions déjà testé des écouteurs à membranes graphène, et même des BlitzWolf. Mais nous n'avions jamais eu l'occasion de le faire via des casques audio, ceux-ci étant rares et pas franchement accessibles, citons par exemple le projet ORA. Il faut dire qu'avec des membranes bien plus larges, nous étions curieux d'entendre le résultat.

Mais grande surprise par rapport à l'ORA cité plus haut, rien ne permet de distinguer les haut-parleurs de l'HP3 par rapport à ceux plus traditionnels, en mylar par exemple. Blitzwolf étant une marque assez sérieuse dans l'ensemble, il semble logique de mettre de coté nos doutes sur la composition réelle de ces haut-parleurs. Puis à l'écoute, nous devrions entendre une nette différence, le graphène étant généralement moins brouillon mais aussi un peu moins brillant.

Mais il faut dire que notre premiere rencontre avec l'HP3 nous a extrêmement déçue. En effet, le packaging n'a bénéficié d'aucun raffinement. La boite, en carton mou presque neutre, a été associée à une pauvreté graphique et rédactionnelle de premier prix.

Ouverte, un simple moule en plastique transparent bas de gamme sert à protéger le casque durant son transport. Qu'elles nous ont semblées loin, ces photos qui nous faisaient tant rêver !

En termes d'accessoires, nous restons dans cette même continuité. Blitzwolf n'a fourni que le strict nécessaire, à savoir un câble de charge USB générique. Si le casque dispose d'un port d'entrée auxiliaire standard, vous devrez vous acquitter d'un câble jack séparément. En dernier, nous avons tout de même une documentation multilingue et une petite carte de satisfaction.

Evoquons également la finition du casque, et il y aura beaucoup de choses à dire. Premier point, y-a-t-il eu un soucis de stockage ou de fabrication ce qui a généré ces tâches blanchâtres sur le produit ? Nous ne le saurons jamais. En tout cas, il s'agit là du tout premier casque reçu dans cet état franchement inacceptable. Une fois nettoyé, on peut remarquer que la surface a été altérée, ce qui est une des fâcheuses caractéristiques de ce matériau plastique à surface ultra douce.

Pris en main, le casque est bien trop léger pour donner un sentiment de qualité. Et cela se constate sur la balance avec un poids en dessous de ce qui est attendu, si l'on se fie un minimum aux spécifications. Cela n'a rien d'étonnant puisqu'il est massivement constitué de plastique, peu résistant et manquant de fermeté.

Le seul point agréable reste le toucher, comme évoqué plus haut, très doux. Au niveau des écouteurs, nous avons tout de même une surface métallique striée, certainement de l'alliage d'aluminium. Chose surprenante, aucun sens d'écoute n'est visible, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'arceau.

Les points négatifs s'accumulent doucement ! La finition manque cruellement de sérieux. Observons les arrêtes, elles manquent de précision, certaines sont même saillantes, avec des ébarbages douteux, indignes d'un produit estampillé Blitzwolf. Même l'orifice de l'USB semble découpé à la main. Quand on pense qu'à ce prix, les marques historiques, réputées plus chères, font largement mieux...

Une conception de base qui semblait pourtant sérieuse


Lorsque l'on évoque des stratégies de communication commerciales, l'HP3 en est un bel exemple, par le doute qu'il pourrait semer dans l'esprit d'un potentiel acheteur. En effet, nous sommes en plein boom de produits à annulation de bruit et Blitzwolf l'a bien compris. De fait, elle n'hésite pas à mettre en avant d'excellentes performances de réduction de bruit environnant... Pour son micro !

Contrairement à ce que peut laisser penser la marque, cela n'a rien d'exceptionnel. Cette fonctionnalité est intégrée dans la majorité des produits disposant d'un micro, et ce depuis longtemps. Mais sa performance réelle est très variable suivant les modèles, même s'ils utilisent la même puce Bluetooth. La façon aussi appuyée dont la marque en parle peut laisser penser, si l'on lit les choses rapidement, qu'il s'agit d'une fonction ANC à réduction de bruit environnant en musique, telle que proposée par un casque Bose QC par exemple, hors il n'en est rien.

Autre point, BlitzWolf évoque sa puce Bluetooth 5 et quelques autres qualités à savoir la faible latence et la vitesse. Si les vidéo Youtube via mobile (Huawei Mate 20x) sont assez synchrones avec le son, il faut noter que l'HP3 est théoriquement incompatible avec des codecs à faible latence (Ex. aptX-LL et Faststream). En effet, la marque a choisi de faire confiance à une puce alternative chinoise, la Rubow AB5325B. De fait, aucun codec plus qualitatif que l'AAC ou le SBC ne sera disponible. Comme tant d'autres produits utilisant des membranes graphène, les haut-parleurs du BW3 ne pourront clairement pas exprimer leur plein potentiel via sans-fil.

Pour piloter le casque, nous disposons de boutons de commande physiques bien distincts. Mais leur clic est très cheap et peu rassurant. Ceci dit, la marque a eu la bonne idée de mettre un bouton marche/arrêt/pause plus petit et entre ceux de volume, ce qui les différencie tous très bien à l'aveugle et facilite leur mémorisation.

Autrement, même si la marque ne fournit aucun câble audio, le BW3 dispose d'une entrée jack classique à trois points, ce qui le rends compatible avec tout câble 3.5 mm du marché. Malgré le fait que sa puce est récente, pas d'USB-C mais une prise micro USB standard est utilisée pour la charge. Pour indicateur, nous avons une petite LED comprise entre le bouton d'appel et de baisse de volume.

Une douceur qui vous étouffe...


La sonorité des membranes graphène, testée et entendue au travers d'écouteurs divers, nous a souvent surpris par sa douceur et son léger manque de brillance. Dans le cas présent, la tendance reste la même, et cela nous conforte un peu plus dans la technologie utilisée. Cependant, elle est bien trop accentuée par rapport à d'habitude.

Durant l'écoute, cela se caractérise par un voile audible assez présent durant les trente premières minutes. Il s'estompe légèrement et progressivement au fil du temps, mais pas assez pour laisser transparaitre un peu de clarté et suffisamment de micro détails, ce qui aurait tout changé. Ces derniers restent pourtant perceptibles mais se retrouvent malheureusement bâillonnés. Une fois les écouteurs démontés, on pourrait peut-être expliquer une partie de cette sonorité par le fait que les haut-parleurs sont pris dans une chambre acoustique, ouverte avec évent et donnant sur le dessous des yokes.

D'un autre coté, l'ensemble du rendu ne fait pas brouillon et les sons, les plans et les mouvements sont bien intelligibles. Mais ce voile reste tout de même présent et gâche l'écoute, malgré les nombreuses heures de fonctionnement que nous avons infligé au casque. Concernant les basses, elles sont heureusement agréables et l'impact est satisfaisant. Mais on entends comme un soupçon de réverbération, qui pourrait peut-être s'expliquer par l'absence d'absorbeur de résonnance, sachant que l'aluminium extérieur n'était que décoratif. 

Niveau confort, les points positifs sont nombreux. L'arceau est flexible et offre une bonne et profonde courbure qui nous a dispensé de tout réglage. Heureusement car ce dernier manque de précision et s'avère bien trop dur, alors que ses cliquetis, pourtant présents, auraient dû permettre une meilleure précision.

Les coussinets, larges et englobants, sont d'une extrême douceur. Si l'on ajoute une grande légèreté combinée à un serrage minimal (mais suffisant pour réduire le bruit environnant de façon passive), l'HP3 devrait se maintenir correctement durant un petit footing par exemple. De même, cela ne devrait générer aucune chauffe importante et sur ce point, nous n'avons rien constaté de gênant malgré plus d'une heure d'écoute.

Autrement, ce casque se replie et peut se mettre à plat. Vu la faible résistance du plastique utilisé, nous vous conseillons d'acquérir au minimum un petit sac de transport afin de le protéger un minimum.

Coté isolation phonique, comme déjà évoqué, elle est passive et uniquement assurée par les coussinets. Cela pouvait être plus efficace, mais nous aurions certainement perdu en confort car le casque aurait dû être un peu plus serré.

Pour finir, quelques mots sur l'autonomie, la portée et le micro. Concernant l'autonomie, avec une batterie aussi limitée, l'HP3 ne peut en aucun cas rivaliser avec la grande majorité de produits concurrents, offrant bien souvent le double, voir le triple en temps d'usage. Au niveau de la portée, même s'il est équipé d'une puce Bluetooth 5, l'HP3 s'est montré assez sensible et limité dans les dix mètres, comme un casque de précédente génération. En dernier point évoquons le micro, curieusement trop feutré pour être utilisé et sur la limite de l'exploitable.

Annexe :
  • En charge, le casque requiert un ampérage compris entre 100 et 150mAh, ce qui est assez faible et conviendra à tout type de chargeur USB.
  • Le poids pesé est de 215g, au lieu des 240 attendus.
  • Le graphique ci-dessous démontre une tendance récurrente en Bluetooth à savoir une légère baisse des basses fréquences et donc un son un peu plus homogène qu'en filaire. 


Trop de compromis tuent un produit...


L'impatience était grande, la déception tellement plus, tout comme l'a été celle avec les écouteurs ES3. Ce casque BlitzWolf HP3 nous a bien surpris : Survendu, la réalité s'est avérée si décevante. Alors oui, l'HP3 est très confortable. Oui, il bénéficie d'une grande stabilité et simplicité, malgré l'utilisation d'une puce exotique. De plus, il est extrêmement abordable. Mais qui a eu cette idée d'un packaging datant de l'ère soviétique ? Doté d'un bundle extrêmement chiche, ses performances restent elles aussi limitées, quel que soit le domaine. L'HP3, c'est un casque audio à potentiel qui s'est avéré à peine moyen, à cause d'une conception qui, à un moment donné, a manqué d'ambition et de sérieux. Malheureusement pour lui, à ce tarif ultra concurrentiel, même les marques historiques feront mieux. En effet, pour quelques petits deniers supplémentaires, vous obtiendrez bien plus, en finition et en sonorité !


Spécifications officielles :
  • Référence : BW-HP3
  • Type de casque : circum auriculaire fermé
  • Transducteurs : 40 mm, membrane graphène
  • Réponse en fréquence: 20 Hz - 20 kHz
  • Sensibilité: 100 dB, 1 mW, ± 3 dB
  • Puissance d’entrée max. :100 mW
  • Bluetooth : V5.0, 10 m de portée
  • Codecs audio :SBC
  • Autonomie : 10h, temps de charge 1h30
  • Batterie : 300 mAh
  • Poids : 240 g

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