Yamaha HP-3 : Un casque vintage orthodynamique, isodynamique, ou planaire !

Il y a fort longtemps, à la recherche de casques audio originaux par une de ces après-midis qui n'en finissent plus, nous écumions différents forums traitant du plébiscité modèle Yamaha HP-50. De haut potentiel et souvent modifié, nous sommes finalement tombés un peu hasard sur une version moins quottée, l'HP-3.

Plus abordable, pas si éloigné en terme de spécifications techniques et non moins intéressant, faute de trouver la perle rare à l'époque, nous avons jeté notre dévolu sur ce dernier...

Fiche produit (radiomuseum.org): Yamaha HP-3
Prix de lancement : 40-50€

Il faut savoir qu'à la base nous n'avions à l'époque (en 2015) aucun casque planaire. De fait, le Yamaha HP-3 a été acquis bien avant notre HP-50 et pour lequel nous avons fait un test plus récent. Et concernant ce tout dernier, il s'est avéré tellement bon que cela nous a motivé à en acquérir encore un autre, pour réparation et améliorations. Pour ceux qui sont donc intéressés par un bref historique sur la marque et ses casques orthodynamiques, nous vous invitons donc à lire le test de notre HP-50 modifié.

Dans cette acquisition, nous n'avons malheureusement eu aucun accessoire d'origine, que ce soit le manuel ou la boite. Ceci dit, au moment où cet article est rédigé, on peut encore trouver cette dernière sur des sites d'enchères à l'étranger. Il faut avouer qu'il s'agit là d'un petit drame pour les appareils vintage en général : trop souvent proposés en "loose", nous devons en général faire la chasse aux informations techniques. Et pour les plus anciens, les trouver est extrêmement difficile, encore plus lorsque la marque est moins connue, voir très obscure (ex. Maruni).

Produit vers la fin des années 70 et jusqu'au milieu des années 80 (selon plusieurs sources, dont radiomuseum.org et hifi-wiki.com), l'HP-3 est un casque audio utilisant des haut-parleurs à technologie planaire (que Yamaha semble être le seul à appeler "orthodynamique"). Ressemblant fortement à l'HP-50 et partageant la même structure simple, l'HP-3 est un casque fermé supra auriculaire.

Visuellement, il ne présente aucun signe de luxe ni de fioriture quelconque. Entièrement réalisé en plastique dur, l'efficacité devait être l'objectif principal de ce produit au sein de la division audio chez Yamaha. Et si la couleur noire intemporelle l'a préservé quelque peu des assauts du temps, le design des coques trahi néanmoins son âge, tout comme l'énorme épaisseur de son câble, courante à cette époque et qu'il est difficile, aujourd'hui, de retrouver dans des produits plus récents et dans un placement tarifaire proche.

Continuons un peu sur ce câblage, typique des années 70/80. Il est noir mat et très épais, au toucher agréable et adhérent. Et au bout, nous avons sa fiche, une belle grosse connectique jack en 6.35mm, moulée et respirant la solidité, certainement aussi résistante qu'un tank. Elle ne rendra pas l'âme de si tôt ! Il est clair qu'à cette époque, beaucoup de choses étaient construites pour durer. Précision aussi que l'HP-3 est précâblé en stéréo (contrairement à l'HP-50 précédemment cité, en mono) ce qui le dédie à un usage en Hi-Fi sédentaire. En effet, notons qu'à cette époque les petits appareils nomades étaient trop limités pour piloter ce genre mastodonte.

Mécaniquement parlant, le système d'arceau est minimaliste et malgré son âge (40 ans d'existence tout de même), sa tenue était encore excellente. Par déplacement des écouteurs et leur friction, c'est le seul moyen de maintenir et de régler la taille du casque. Bon marché, ce système est ingénieux, efficace et durable. Par contre, dès que le casque est enlevé, l'arceau deviens très lâche et garder le réglage est impossible, à l'inverse de ceux plus traditionnels à crans, lorsqu'ils sont correctement réalisés. Et en plus, lorsque le casque est secoué, cela produit des micro chocs peu valorisants. Quoi qu'il en soit, ce système reste si simple et rapide que l'on finit par s'y faire.

Au niveau des coussinets, ils sont encollés, avec du double face. Mous et plats, il sont vraisemblablement quasi identiques à ceux de l'HP-50. Leur surface semble fine et pourtant, contrairement à d'autres plus récents qui n'ont pas leur résistance, elle tient encore. Par contre, il est dommage qu'aucun filtre n'ai été positionné à l'intérieur de ces derniers afin de ne pas voir directement la "passoire" en plastique qui protège les haut-parleurs, très basique et très peu esthétique. Non vraiment, du point de vue du design général de cette série HP-XX, on ne peut pas dire que les ingénieurs de Yamaha s'y soient beaucoup investis.

Acoustiquement et électroniquement parlant, faisant partie des versions dites S, le HP-3 était un peu plus facile à piloter grâce à son impédance réduite de moitié (150 ohms). Heureusement pour nous, les derniers appareils audiophiles nomades sont capables de gérer cette haute demande de puissance !

Partis pour une écoute sur plusieurs heures, nous craignions tout d'abord d'avoir une pression importante sur le haut du crâne sachant l'absence de mousse de confort. Finalement, la forme de l'arceau et le poids équilibrés faisant leur oeuvre, ce Yamaha HP3 ne s'est jamais fait pas sentir. Ensuite, nous avions aussi une inquiétude sur la chauffe des coussinets. Mais rien n'était à déplorer et il se sont avérés plus que confortables, ce qu'ils devaient être encore plus à l'état neuf. Nous avions aussi testé ce casque au travail, dans un open-space. Son isolation a été plus que correcte, l'HP-3 est un casque qui pouvait être porté sans mal dans un environnement assez bruyant.

Un rendu sonore toujours d'actualité


On imagine le son vintage forcément placé dans les extrêmes, à savoir soit criard, soit feutré ou trop axé sur les basses fréquences. Mais l'avantage du planaire, même pour un modèle aussi ancien, est qu'il se conserve bien mieux que d'autres modèles à technologie électrostatique et électret, à l'inverse trop sensibles. Ici, l'HP-3 s'exécute vite avec des sons bien détourés et intelligibles. Casque plaisir orienté plutôt vers les médiums-bas, c'est un appareil audio chaleureux qui sait se limiter dans les fréquences basses, de telle sorte qu'elles restent précises et dans leurs cordes, sans déborder.

Conséquence de cette orientation sonore, lorsque l'on s'attarde sur des passages vocaux, nous pourrions facilement nous imaginer l'artiste qui se trouve juste à côté de notre oreille. Ceci est particulièrement flagrant lorsque l'on tente une rapide comparaison de l'HP-3 à d'autres casques audiophiles comme l'AKG551. A l'inverse, malgré la présence de nombreux détails, les amoureux de fréquences hautes et d'aigus cristallins pourraient être un peu déçus puisqu'il lui manque une pointe de clarté.

De fait, nous pensons qu'il se destine avant tout à ceux qui souhaitent retrouver un véritable son vintage chaleureux et punchy, mais qui ne veulent pas pour autant sacrifier la qualité et un certain équilibre. Agréable sur tout les styles musicaux mais ayant plutôt tandence à privilégier les basses fréquences, dans son état non modifié, on l'orientera donc plus naturellement vers des musiques modernes telles que le rap, la pop ou l'électro, ce qui est reste assez surprenant pour un casque d'âge aussi avancé.

Contrairement à l'HP-50, nous n'avons jamais souhaité ouvrir cet HP-3, ceci afin de le conserver au plus proche de son état d'origine. Et pour l'anecdote, il a été cédé à un audiophile passionné, il y a de cela plus de 8 ans. Mais s'il nous arrivait de remettre la main sur un modèle identique, nous lui aurions changé ses filtres et mousses internes afin d'accentuer son équilibre sonore.

Car en pratique et plus les années passent, beaucoup de casques anciens voient leur mousse de filtrage se désagréger en morceaux ridiculement petits et très collants, extrêmement difficile à nettoyer. Avec les vibrations de la membrane, ils s'y infiltrent, ce qui peut la perturber dans son fonctionnement et produire des bourdonnements ou des grésillements. Et c'est une chose que nous avons constaté à maintes reprises, avec avec plusieurs casques vintages qui sont passés entre nos mains. Et même si elle ne se désagrège pas, cette mousse doit aussi perdre de son efficacité avec le temps et donc modifier considérablement le rendu sonore.

Les mesures


Ci-dessous, un comparatif rapide entre l'HP-3 et l'HP-50. On remarque de suite que l'HP-3 a une courbe prononcée au niveau des basses et bien moins marquée dans les hautes fréquences, ce qui explique une sensation de détails et d'équilibre moins importante que sur l'HP-50. Dans l'idéal, l'HP-3 devrait conserver sa courbe des basses fréquences et adopter les fréquences hautes jusqu'à 15kHz de l'HP-50 afin d'approcher un meilleur équilibre.

Annexe :
  • Plus d'informations sur le principe orthodynamique, ici sur le site Yamaha.
  • Le forum Head-fi traitant des casques orthodynamiques, ici.
  • Le lien vers le tout dernier casque orthodynamique de Yamaha, le YH-5000SE
  • Et enfin nous avons pesé le casque HP-3 complet : 225 g



L'orthodynamique vintage encore abordable


Comme l'HP-50 en son temps, l'HP-3 a été une excellente surprise pour un casque de plus de 40 ans. Construit de façon pragmatique, solide comme un rock et abordable, ces modèles nous ont souvent fait penser aux séries Fostex RP, construits dans un état d'esprit de résistance et de simplicité assez proche. Et l'on comprends mieux pourquoi la majorité de ces casques peuvent encore fonctionner de nos jours. Idéal pour une utilisation de quotidienne, partout et en tout temps, l'HP-3 est un casque audiophile orienté vers une écoute plaisir.

En l'état d'occasion non modifié, en points négatifs, on évoquera un léger manque de brillance, l'absence de repli et le plastique omniprésent. Mais s'il rectifiait tous ces points, l'HP-3 finirait par devenir presque aussi inabordable et rare que l'est aujourd'hui le Yamaha HP1000. Et l'avenir de l'orthodynamique Yamaha ? En 2020, lorsque nous avons acquis notre tout dernier casque Yamaha HP-50, jamais nous n'aurions imaginé, au vu de tous les modèles sortis juste après ce dernier que la marque finirait par revenir à ses origine et rendre la chose possible mais ils l'ont fait : Un digne successeur de tout ce petit monde s'est matérialisé sous la forme du casque YH-5000SE. Mais alors à quel prix ? A plus de 5000€, il se trouve bien trop éloigné du budget de la majorité d'entre nous, même passionnés ou mordus d'audio. Nous pouvons l'affirmer, c'est une tendance générale de tous les fabricants qui est assez regrettable et qui a surtout le mérite de saper l'enthousiasme que nous avons eu à son annonce... Dommage.

Et l'avenir de l'orthodynamique selon Yamaha ? En 2020, lorsque nous avons acquis notre tout dernier casque HP-50, vu les modèles sans charme sortis jusqu'à lors, jamais nous n'aurions imaginé que le fabricant japonais serait revenu à ses origines et qu'il rende la chose possible. Mais ils l'ont fait, en 2023 ! Un digne successeur de tout ce petit monde s'est matérialisé sous la forme du casque YH-5000SE...Mais à plus de 5000€. De fait et sans aucun doute, il se trouve totalement hors budget de la majorité d'entre nous, que nous soyons passionnés ou mordus d'audio. Dommage.

Spécifications officielles :
  • Référence : HP-3
  • Type de casque : fermé et filaire
  • Transducteurs : 46 mm, (Sintered Ferrite) , 12 microns en polyester, orthodynamiques
  • Intensité magnétique : 950 gauss
  • Distorsion Harmonique (90 db SPL): Moins de -50db (0.3%)
  • Distorsion Harmonique (120 db SPL): Moins de -30db (3%)
  • Pression coussinets : 250g à 140 mm d'écartement
  • Réponse en fréquence: 20 Hz - 20 kHz
  • Sensibilité: 93 dB mW, 101 db/V
  • Impédance : 150Ω
  • Puissance nominale. :1W
  • Puissance d’entrée max. :3W
  • Longueur câble : 2.4m
  • Poids : 210 g total / 170 g sans câble

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